Les licornes

La licorne a toujours été un sujet d'inspiration. Sa beauté mystique, son obscurité aussi car, ne l'oublions pas, elle n'a pas toujours été imaginée comme un beau cheval blanc à la corne étincelante, font d'elle un merveilleux modèle à peindre et à sculpter. Des statuettes orientales anciennes aux sublimes tapisseries de Cluny, allons à sa rencontre...

 

Henri VIII, le souverain tudor (1509-1547), commanda des sculptures des bêtes les plus étroitement associées à la monarchie britannique pour décorer son palais de Hampton Court. C'est de ces sculptures que sont inspirées les animaux des armoiries royales, de taille d'homme, taillées dans le plâtre pour garder l'entrée de la reine Elisabeth II dans l'Abbaye de Westminster lors de son couronnement, en 1953. Une reproduction a été offerte au Canada. La fabuleuse licorne était connue en Mésopotamie ancienne, en Inde, en Chine et plus tard dans le monde chrétien occidental. Symbole de férocité, de force et de pureté, la seule façon de la capturer était par la ruse, en l'attirant à une jeune fille. Dès le XVe siècle, elle était entrée dans la ménagerie héraldique des rois écossais. Quand James VI d'Écosse prit la succession d'Elisabeth Ire sur le trône de l'Angleterre en 1603, la licorne écossaise et le lion anglais devinrent les porteurs héraldiques des Armoiries royales du Royaume-Uni.

Voici la licorne qui figure sur les murs de pierres l'Abbaye d'Edinburgh, en Ecosse. Dite caprine car portant les sabots fendus, une barbiche et une queue de chèvre, cette licorne enchaînée porte autour du coup une couronne et tient un étendard. A ses pieds est posé le blason d'Angleterre figurant un lion rouge. Tout autour d'elle, on peut voir, superbement sculpté, l'emblème de l'Ecosse : le chardon.


 
Voici une aquamanile, sorte de réservoir à liquides avec robinet (sur le poitrail), en bronze. L'aquamanile, était à l'origine un bassin destiné aux ablutions du prêtre pendant la messe. Elle deviendra une fontaine de table pour le lavage des mains pendant les repas. Ces récipients seront réalisés en bronze ou en étain, plus rarement en faience. Celle-ci, de Basse-Saxe, 4e quart du 13e siècle, 1er quart du 14e, est exposée au Musée du Moyen-Age de Cluny. Cet objet porte un nom latin qui signifie de "l'eau pour les mains". Il permettait de se laver les mains ou de laver celles des invités en signe d'hospitalité. Le récipient est en forme de licorne. L'anse a l'apparence d'un dragon. De la poitrine de la licorne sort une tête de monstre ; sa langue forme le goulot. Et c'est un chien qui sert de robinet.
   
Assiette en faience grand feu du 1er quart du 17e siècle. Italie, Vénitie, Venise. Ce plat porte les armes de la famille Giustinani
   
Aquarelle extraite d'un manuscrit français du Livre des Propriétés des Animaux (1566).
   
Sur ce coffret en bois de la fin du 15e siècle, une chasse à la licorne est sculptée.
   
La tenture de La Dame à la Licorne est exposée au Musée du Moyen-Age à Cluny. Découverte en 1841 par Prosper Mérimée dans le château de Boussac, alors sous-préfecture de la Creuse, elle entra immédiatement dans la légende grâce aux écrits de George Sand. Elle fut achetée en 1882 par Edmond Du Sommerard et a  fait depuis l'objet d'études qui ont permis d'en préciser l'origine, l'iconographie et le style. La tenture est complète avec ses six pièces. Cinq d'entre elles illustrent chacun des sens. La sixième "A mon seul désir" se distingue des autres.
Des animaux fabuleux, lion et licorne, portent des armoiries, qui ont permis d'identifier le commanditaire Jean Le Viste, puissant personnage proche du roi Charles VII. Des animaux familiers, lapin, oiseaux, singe, habitent les fonds des tapisseries et créent un univers de rêve. La signification de la sixième tapisserie (le 6e sens ?) ci-contre se laisse moins facilement saisir : la Dame y apparaît devant une tente surmontée de l'inscription " A mon seul désir " et semble déposer son collier dans la cassette que lui tend sa suivante. Est-ce une pièce d'introduction ou de conclusion à la série des cinq sens ?
   
"La vue" : dans une attitude familière, la licorne a posé ses pattes de devant sur les genoux de la Dame et se contemple dans le miroir que lui tend celle-ci.
   
 "L'ouïe" : la Dame joue d'un orgue portatif (ou "positif") posé sur une table recouverte d'un tapis turc. Le lion et la licorne encadrent la scène, et apparaissent comme motifs décoratifs sur les montants de l'orgue.
   
"Le toucher" (Détail) : la Dame, superbement parée, tient d'une main un étendard, tandis que de l'autre elle caresse la corne de la licorne.
   
"L'odorat" (Détail) : la Dame tresse une couronne de fleurs. Derrière elle, c'est de nouveau le singe qui donne la clé de cette allégorie : il est en train de respirer le parfum d'une rose qu'il a dérobée dans un panier.
   
"Le goût" : le lion et la licorne encadrent la Dame qui, le regard tourné vers la perruche qu'elle tient sur sa main gauche, est en train de prendre une friandise dans le drageoir que lui tend sa servante. Son petit chien suit attentivement ses gestes, tandis qu'à ses pieds un singe au regard narquois souligne la signification de la scène, en mangeant une baie ou une dragée.
   
"Femme à cheval sur une licorne" Ecole italienne (15e siècle) Musée Bonnat, Bayonne. Remarquez la barbiche, la petite queue et... les sabots fendus, typique de la licorne caprine.
   
Ki'lin (licorne en japonais) chargeant. Cette statuette de bois nous vient de la dynastie de Han
   
Alexandre combattant un troupeau de licornes. Cette illustration sanglante est extraite d'un manuscrit français de l"Histoire du Grand Alexandre" , f° 260 r°, XVe siècle. Elle est conservé au Musée du Petit Palais à Paris. La licorne des Anciens, dangeureuse pour l'homme, belliqueuse et sauvage, coexiste jusqu'à la Renaissance avec la licorne chrétienne, symbole du Christ (ou parfois de la Vierge) Ces licornes là, sembleraient-il, arboraient différentes robes allant du blanc au noir, en passant par le gris, l'alezan, le café au lait (ancienne "version" de l'alezan dilué)... et portaient une corne impressionnante en dents de scie !
   
Louvre, collection Rothschild. La licorne de cette estampe au burin du 16e, Renaissance, ressemble plus à une chèvre unicorne qu'à la fière cavale blanche de nos rêves... Jean Duvet (1485 - après 1561), dit "Le maître à la licorne" a gravé cette Suite de l'histoire de la licorne : Le triomphe de la licorne.
   
Ce bois en polychromie représentant sans aucun doute une licorne date de la Dynastie des Han orientaux (25-220 après J.C.) Elle a été découverte en Chine du Nord Ouest, Wuwei, Gansu et elle est visible au Musée des Arts Asiatiques-Guimet, à Paris.
   
"Vierge à la licorne" C'est sur le haut du cadre d'une icône d'Italie du Nord qu'est enchassé cette petite scène en verre doré et gravé. La licorne est assise un peu comme un chien, comme sur beaucoup de représentations d'elle en cette fin du 14e. Paris, Misée du Moyen-Age, Cluny.
   
Voici une série de toiles de Gustave Moreau (1826 - 1898) où les licornes aux sabots fendus semblent nous regarder avec des yeux inquiétants. L'allégorie de la vierge attirant l'animal fabuleux est ici très joliment réprésentée. On ne doute d'ailleur pas, sur cette toile, de la jeunesse de la jeune fille sur un détail que la pudeur m'interdit de révéler... Musée Gustave Moreau, à Paris.
   
Gustave Moreau a peint celle-ci en 1885. Musée Gustave Moreau, à Paris.
   
"Les licornes" Musée Gustave Moreau, à Paris.
   
"Les Amours des dieux" (détail), fresque conçue et réalisée par Annibale Carraci (1560 - 1609), assisté de son frère Agostino (1557 - 1602) Rome, palais Farnèse, galerie des Carrache (1597 - 1604)
   
Paris, Musée du Petit Palais. "Traité des bêtes, poissons, pierres précieuses et urines, 2eme volume du "Jardin de Santé", du médecin allemand Jean Cuba (16e)
   
Chateaux de Versailles et de Trianon. "Allégorie de la Tempérance" par Simon Vouet (1590 - 1649) Sur cette huile sur toile à la superbe lumière, une licorne semble voler en bonne compagnie dans les nuages. Un angelot au dessus d'elle donne une bride à la femme de gauche. Pour quel dessein ?
   
"Le martyre de saint Etienne" : Le corps du martyre exposé aux bêtes. Tenture de saint Etienne, pièce V. Tapisserie (laine, soie), vers 1500, Bruxelles, entourage de Colijn de Coter (1455 - 1538) Musée du Moyen-Age, Paris
   
Pierre tombale de René d'Orleans, France, XVIeme siècle. Musée du Louvre, Paris. Cette licorne caprine semble, d'un rictus mauvais, décourager quiconque d'approcher. C'est la licorne des Anciens, la sombre, la dangereuse, un symbole de force et de pouvoir.
   
Triptyque représentant trois épisodes du Déluge : La construction de l'arche de Noé, L'embarquement dans l'Arche, ici, Le déluge. Abaquesne Massée (connu en 1526 - avant 1564) Cette fresque en carreaux de faïence est exposée à Ecouen au Musée de la Renaissance.
   
L'image symbolique de la licorne plongeant sa corne dans un cours d'eau pour la purifier de ses poisons. Auteur inconnu...
   
On voit ici deux hommes menant une licorne à queue de paon à d'autres hommes sur une estrade de pierre. Je ne connait ni l'auteur ni la représentation de cette oeuvre mais serait tentée de penser qu'il pourrait s'agir de Bucéphale. En effet, dans de nombreux récit, le célèbre cheval d'Alexandre le Grand, aurait été décrit comme un animal étrange avec une queue de paon et une corne sur le front...
   
A droite de cette eau - forte est couchée une licorne. A sa droite, un cheval debout et un zèbre couché, derrière se tiennent un éléphant et deux ânes...
   
  Une des sept tapisseries de La Chasse à la licorne exécutées entre 1495 et 1505. The Cloisters, New York. 
   
 

  Le sculpteur Étienne d'Antoine en est l'auteur. Cette statue a eue la bougeotte car avant d'être placée sur la place de la canourgue, elle a transité sur sur la place Notre Dames des tables ( appelée avant Place des états de Languedoc et place Jean Jaurès actuellement ) face à la halle aux colonnes à coté de la croix encore en place actuellement (depuis 1627). C'est en 1865 qu'elle fut transportée sur la Canourgue.

Cette statue est un hommage à la mémoire du maréchal de Castries, vainqueur de la bataille de Clostercamp en 1760 ou s'illustra également le Chevalier d'Assas.

   
   
   
   
   
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :