Les ornements du cheval de l'antiquité à nos jours

Publié le par Anne Piola

Depuis la plus haute Antiquité, en fait, depuis que l'homme est cavalier, on recouvre le cheval de parures plus ou moins précieuses selon le rang de son possesseur. Considéré souvent comme animal sacré, on le vénérait et, plus près de la coutume humaine, on l'embellissait en signe de dévotion et d'amour.

Du mors à l'étrier, toute pièce de harnais est soumise à décoration. Ciselage, placage de métaux précieux (or, argent, cuivre...), incrustation de pierreries, broderies…
Certaines pièces anciennes sont de véritables œuvres d'art et il n'est pas rare qu'un mors ressemble à un bijou sculpté et finement ciselé, de l'art celte au scythe, étrusque ou sassanide, des décorations de harnais scythes, mongols, tibétains, perses, les riches parures indiennes où le cou des chevaux brille d'or ou d'argent en colliers superposés...
L'équipement donc se fait bijou. Les rois, les puissants, les riches se distinguent des autres cavaliers par leurs harnais luxueux. On montre une exubérance d'or et de pierres précieuses, de damasquinage, de broderies, de velours et de brocards...

Photos par Robert Vavra ©

L'ornement se fait aussi signe distinctifs d'un clan, d'une famille, superstitieux, religieux, protecteur... On arbore sur les poitrails, les chanfreins, les caparaçons, des animaux puissants ou fabuleux (lion, taureau, l'aigle, le griffon, le dragon, la licorne...) pour se donner l'impression de monter un animal qui en a les caractéristiques guerrières ou spirituelles, celà donne du courage au combat, on porte des médailles de saints, de héros, de dieux, des grigris et autres symboles caballistiques, mystiques ou divins pour se protéger des démons ou de la mort...

A partir du IIIe siècle avant J.-C., à l'époque sarmate, le harnachement prend une importance croissante. Devenue cheval de parade, la monture fait désormais corps avec le statut social de son cavalier, ou sa cavalière. On voit apparaître des plaques rondes, les phalères, qui offrent un vaste champ à l'image. Leur fonction première est d'assurer l'intersection des courroies, sur la tête, le poitrail, les épaules et la croupe du cheval. Parfois surdimensionnées, elles se font bientôt parure. Certaines empruntent leurs images au répertoire hellénistique, perçu comme une marque de culture aristocratique. D'autres utilisent un vocabulaire animalier fortement stylisé. C'est là l'expression d'une élite guerrière qui s'affirme en affichant son appartenance à une caste. Les figures animales, quand elles subsistent, cessent de constituer un langage codé fournissant une clé d'accès au monde pour se faire ornementales et prendre valeur de blason. Les cavaliers, des hommes mais aussi des femmes, sont en passe de devenir chevaliers. L'art, apanage d'une classe sociale et non plus expression d'un idéal guerrier, change de statut, et passe du " comment voir " au " m'as-tu vu ".

Tête de cheval sassanide

On croit aux pouvoirs des métaux, des pierres et des amulettes...
Dans certains pays d'Orient, il était et il est toujours de coutume d'orner le cou des chevaux de pur sang d'un collier de perles en pierres fines (turquoise, corail...), en bois précieux, en argent ou en or... Les Turkmènes ont pour coutume de parer leurs Akhal-Téké de petits colliers de laine tressée nommés Aladjas, de tapis ou de colliers de métal, les plus précieux en argent. Ces décorations constituent à la fois un ornement et un porte-bonheur. Le collier est parfois muni d'un "charm" ou petit pendentif porte-bonheur (main de Fatma, médaille sainte, boite à prières...) de breloques et autres pampilles. Ces colliers, sortes d'amulettes, selon une vieille croyance qui a été transmise jusqu'à aujourd'hui, sont sensés protéger les chevaux contre le mauvais œil et d'éventuels malheurs.

Les nomades par définition voyagent légers. On ne s’étonnera pas que l’art de parer les chevaux tienne lieu pour eux de luxe. Des colliers fétiches nommés Aladjas, traditionnellement en poils de chameaux et soie, des parures en métal précieux, notamment en argent, des filets richement décorés constituent de véritables joyaux.

Bridon sarmate en or et pierres fines

Publié dans Pommes et sucres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article